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* Ludwig van Beethoven

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Je suis né le 15 décembre 1770 en Allemagne et j’étais le second d’une famille de 7 enfants, dont 4 sont morts avant d’avoir atteint l’âge adulte.

 

Mon père, musicien-ténor était particulièrement autoritaire. Son alcoolisme le rendait souvent brutal et c’est vers notre mère, douce et effacée, qu’allait tout notre amour. J’ai donc grandi dans un milieu familial passablement dysfonctionnel entre un père peu affectueux et une mère soumise et, le plus souvent, dépressive.

 

Johann van Beethoven et Maria-Magdalena Keverich

 

Mes dons exceptionnels pour le piano ont été détectés assez rapidement par mon père qui, espérant en tirer profit à sa propre gloire, a voulu faire de moi un second petit Mozart. Mais ses méthodes trop brusques et tyranniques se sont avérées inefficaces et même contre-productives.

 

 

Fort heureusement, c’est grâce à un professeur bienveillant, Christian  Gottlob Neefe, que j’ai découvert les joies de la polyphonie instrumentale, et surtout le travail de Jean Sébastien Bach. Tout cela m’a grandement inspiré, et c’est entre 12 et 13 ans que je me suis mis à composer sous les encouragements de mon cher professeur.

 

Christian Gootlob Neefe

 

J’ai été remarqué par le comte von Waldstein (qui est devenu mon mécène) grâce à mes activités d’organiste, ainsi que par Mozart lui-même, qui a reconnu mon talent lorsque j’avais 17 ans.

 

         

                                                                                          Ferdinand von Waldstein         Wolfgang Amadeus Mozart

 

Deux ans plus tard, j’ai décidé de m’inscrire à l’université pour parfaire mes connaissances et m’enrichir au contact des grands littéraires et poètes.

 

Dans le même temps, en 1789 je me suis enflammé pour les nouvelles idées révolutionnaires, pour la liberté et l’idéal humaniste.

 

 

Je peux dire que mes rencontres ont été heureuses à cette époque, et que la chance a guidé mes pas vers les bonnes personnes. Ainsi, à 22 ans, Mozart lui-même m’a présenté à Joseph Haydn qui a particulièrement été impressionné par mes aptitudes et qui m’a invité à venir étudier à Vienne avec lui.

 

Joseph Haydn

 

Vienne était alors le paradis de la musique, la capitale incontournable pour ceux qui voulaient faire carrière et réussir dans ce milieu.

 

 

J’étais par contre un jeune homme plutôt indiscipliné et je faisais preuve d’une certaine audace sur le plan musical, mais j’avais une inspiration sans cesse renouvelée et une immense créativité. Certains traits de caractère indisposaient malheureusement mon professeur et nos relations en ont pâti.

 

À 25 ans, grâce à mon jeu, à ma virtuosité et à mes très grandes habiletés en improvisation au piano, et à mes participations aux joutes musicales très en vogue à l’époque, j’ai été reconnu, accepté et intégré dans la communauté mondaine viennoise. Entre autres choses, j’ai écrit des sonates, des concertos, un opéra, des symphonies... En tout, près de 500 œuvres !

 

 

Au décès de Mozart, je me suis imposé comme un interprète brillant et un improvisateur sans égal. L’effet que je produisais sur mon auditoire était incroyable. Ce qui m’a assuré succès et protections dans la haute société viennoise. Cette maitrise m’a toujours permis de vivre dans une relative aisance et m’a donné toute la liberté dont j’avais besoin pour créer.

 

J’étais très conscient de ma valeur et de mes talents exceptionnels et même si ma naissance n’était pas noble, je ne me suis jamais rabaissé ni senti inférieur aux princes et aux aristocrates qui m’entouraient. Je pressentais que mon œuvre perdurerait après ma mort.

 

 

À partir de 26 ans, je me suis rendu compte que mon audition commençait à diminuer et, de plus, je souffrais d’acouphènes. Sur le coup, comprenant que la surdité totale serait éventuellement mon lot et qu’elle risquerait de me priver de mes facultés musicales, je suis alors plongé dans une dépression majeure, et j’ai frôlé le suicide. J’ai même rédigé une lettre testamentaire à ce moment-là à l’intention de mes frères. Lettre que je n’ai jamais envoyée.

 

Et je me suis repris en main.

 

La musique était mon refuge, ma force, ma raison de vivre et il me semblait impossible de quitter ce monde sans avoir donné tout ce qui était en moi. Je me suis tourné plus résolument vers la composition et suis resté très créatif, très inspiré. Ma grande renommée m’a même peu à peu permis de me libérer de mes nombreux mécènes, de devenir même un musicien indépendant.

 

 

Pour surmonter tant bien que mal mon handicap, un inventeur ingénieux du nom de Johann Nepomuk Maelzel – l’inventeur du métronome – m’a secouru en me présentant toute une palette d’outils tels que cornets acoustiques, systèmes d’écoute raccordés au piano et bien d’autres choses encore qui m’ont aidé à supporter mon infirmité qui allait croissant de jour en jour.

 

Johann Nepomuk Maelzel

 

Côté amour, j’étais un peu volage, et je me suis complu dans une forme de légèreté amoureuse, m’éprenant même quelquefois de femmes mariées.  Ma réputation de libre penseur, mon insoumission et mon côté avant-gardiste n’ont sûrement pas joué en ma faveur dans la bonne société de l’époque. Et je n’étais pas à proprement parler le gendre idéal !

 

Ci-dessus quelques-unes des femmes dont j’ai été amoureux et qui sont connues du public :

 

          

                                                                          Giulietta Guicciardi              Anna Marie Erdody            Thérèse von Brunswick

          

                                                                        Joséphine von Brunswick            Antonia Brentano                  Amelia Sebald

 

Il y a pourtant eu une femme – LA femme – pour laquelle je brûlais d’une authentique passion et dont je n’ai parlé à personne. Même aujourd’hui, j’en garderai le secret si vous le permettez. J’ai lui ai écrit trois lettres, mais je ne les ai jamais envoyées. Je sais qu’un film a été tourné au sujet de ces 3 lettres qui ont été trouvées après ma mort. Pour ceux que cela intéresse, il a pour titre Ludwig Van B. C’est tout ce que je vous en dirai. Désolé.

 

 

À l’âge de 42 ans, j’ai senti que les choses se modifiaient autour de moi – et pas en mieux. L’engouement pour ma musique commençait tout d’abord à s’estomper : les Viennois se tournaient petit à petit vers d’autres compositeurs plus jeunes.

 

Et puis, quelques années plus tard, mon frère est décédé, et je me suis attelé à respecter sa volonté en m’occupant de l’éducation de son fils, Karl, que je considérais comme le mien propre. Mais sans l’aide de sa femme.

 

Karl van Beethoven

 

Je refusais l’idée même de partager quoi que ce soit avec cette personne que je détestais et dont je me méfiais au plus haut point. Ne cherchez pas de photos sur Internet de cette harpie, vous n’en trouverez aucune représentation… sauf peut-être celle-ci, pardon…

 

 

J’étais en effet intimement convaincu que cette femme avait quelque chose à voir avec la mort de mon bien-aimé frère, qu’elle l’avait trompé, que ses intentions n’étaient pas louables, et qu’elle était incapable d’assurer l’éducation d’un enfant. Aussi, j’ai dû batailler longuement en justice avant d’obtenir enfin la tutelle pleine et entière de mon neveu. J’ai ensuite éloigné celui-ci de sa mère et l’ai placé pendant quelque temps, dans un pensionnat pour qu’il y reçoive une éducation correcte. Un véhément et interminable conflit juridique a alors repris entre la mère de Karl et moi-même, car elle a fait appel de cette décision.

 

J’ai voulu communiquer à Karl l’amour de la musique et je lui ai fait donner des cours de piano par Carl Czerny (un ancien élève), mais en vain. Il a essayé de s’enfuir pour rejoindre sa mère et m’a été ramené par la police. C’est alors que la garde de ce neveu que j’aimais tant m’a été retirée.

 

 

J’étais au désespoir, mais pas encore résigné. J’étais malgré tout déterminé et résolu à le récupérer coûte que coûte. J’ai pu bénéficier d’une nouvelle audience, et j’ai cette fois obtenu la garde permanente de Karl. Durant toute cette période, je n’ai pas su prendre conscience de tout le mal que j’infligeais, bien involontairement, à cet enfant en le privant de l’amour de sa mère et en le mettant au centre d’une lutte finalement personnelle. Il a tenté de s’enlever la vie quelques années plus tard et j’ai ressenti tout cela comme un échec cuisant.

 

À partir de cette époque, de bien difficiles années se sont succédées. Tout d’abord, ma surdité s’est aggravée jusqu’à devenir totale. Je n’entendais plus rien du tout ! Quel pire supplice peut-il bien exister pour un musicien ?

 

Ne voulant rien révéler de ce terrible handicap au monde, je me repliais de plus en plus sur moi-même jusqu’à ne plus fréquenter personne. Ce qui m’a valu une solide réputation de misanthrope. 

 

J’ai dès lors vécu de sombres moments de grande dépression. Je pensais souvent au suicide, car à quoi donc pouvait bien servir de continuer à vivre si je ne pouvais plus ni entendre et ni composer ma chère musique ?

 

 

Mon neveu me causait de nombreux tourments dont je n’avais guère besoin. Ma situation matérielle était préoccupante. Et ce que je pouvais encore composer était totalement insatisfaisant à mes attentes.

 

Je suis finalement tombé très gravement malade, mais mes forces ont néanmoins repris le dessus. J’avais 47 ans. Malgré ma surdité, j’envisageais l’écriture d’une nouvelle sonate grandiose, car la créativité en moi bouillonnait toujours malgré tous mes malheurs. Et cette œuvre a vu le jour.

 

 

Cette respectable sonate pour piano n° 29 dure près de 50 minutes. Elle a reçu un accueil très mitigé, car elle a été considérée comme injouable. Je savais par ailleurs que mes dernières œuvres étaient très en avance sur leur temps. J’en ai même fait part à mon éditeur. Parlant de cette sonate n° 29, par exemple, je lui ai un jour lancé : « Voilà une sonate qui donnera de la besogne aux pianistes, quand on la jouera dans cinquante ans ! » Comme on peut le constater, j’étais une sorte de visionnaire !

 

À 53 ans, j’ai assisté au concert d’un très jeune virtuose : Franz Liszt, 11 ans. Bien que totalement sourd, j’ai tout de suite perçu le talent de cet enfant dans son jeu, ses gestes, ses mains, son expression et j’ai été le féliciter en personne à la fin du spectacle.

 

Franz Liszt

 

Ma neuvième symphonie a été un triomphe total et inespéré, incroyable. Le public m’acclamait debout faisant cinq rappels consécutifs, agitant des mouchoirs, des chapeaux et levant les mains dans les airs. Ça a été un grand moment d’émotions et de joie pour moi.

 

 

À partir de là, je n’ai pu communiquer que par l’intermédiaire de cahiers de conversations, et je me suis retrouvé enfermé dans le silence absolu. Ma connaissance parfaite de la musique m’a au moins permis de continuer à composer encore et encore. J’utilisais une baguette de bois que je plaçais entre mes dents et que j’appuyais sur le piano pour en ressentir les vibrations.

 

À 56 ans, une double pneumonie a annoncé ma fin prochaine, et j’ai agonisé dans d’atroces souffrances. Mon état physique était déplorable et se dégradait rapidement.

 

J’ai demandé que mon corps soit autopsié après mon décès afin d’élucider le mystère de telles douleurs. Les conclusions ont été les suivantes : j’avais été victime de « saturnisme », c’est-à-dire d’une intoxication au plomb. Probablement à cause du vin que je consommais et des cataplasmes imbibés de plomb appliqués par mon médecin. D’autre part, une anomalie hépatique congénitale qui m’a donné toute ma vie une peau particulièrement pigmentée a fini par générer une grave cirrhose.

 

La mort m’a délivré de toutes ces souffrances le 26 mars 1827.

 

 

Tout ce que je possédais est revenu à mon neveu Karl, mon seul et unique héritier (qui aura lui-même 5 enfants).

 

Les propos élogieux de Carl Czerny, qui a été mon élève, auraient très bien pu servir d’épitaphe sur ma pierre tombale : « Son improvisation était on ne peut plus brillante et étonnante ; dans quelque société qu’il se trouvât, il parvenait à produire une telle impression sur chacun de ses auditeurs qu’il arrivait fréquemment que les yeux se mouillaient de larmes, et que plusieurs éclataient en sanglots. Il u avait dans son expression quelque chose de merveilleux, indépendamment de la beauté et de l’originalité de ses idées et de la manière ingénieuse dont il les rendait. »

 

* * * * *

 

Si ce court résumé de la biographie de Ludwig van Beethoven vous a intéressés ou encore interpellés, je vous invite à vous rendre sur le site suivant qui est consacré à son œuvre et à sa vie en exclusivité. Vous y trouverez beaucoup de renseignements nouveaux et passionnants.

 

 

J’ai découvert récemment sur YouTube les vidéos d’un jeune comédien, Avner Peres, pianiste autodidacte et passionné qui a, entre autres choses, réalisé un film sur Beethoven. Un voyage dans le temps original et créatif. Voyez vous-même !

 

 

 



05/09/2019
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