pianottissimo

Après la technique vient le temps de développer sa sensibilité.

La musique ne s’adresse pas à notre mental, mais vient toucher directement notre sensibilité, notre émotionnel.

Interpréter un morceau demande en effet de la sensibilité, de la finesse et du ressenti... Jouer des morceaux qui nous parlent ou nous émeuvent facilite l’expression de soi-même.

On peut ainsi faire passer des émotions à travers son jeu et, de ce fait, parvenir à exprimer des états intérieurs que l’on ne pourrait pas forcément expliquer verbalement.

Jouer du piano peut donc constituer un moyen supplémentaire d’exprimer notre sensibilité profonde, et de libérer tout ce cortège de sensations diffuses et inexplicables qui nous habitent :

Si vous ressentez de la tristesse sans en connaître la cause et si vous vous sentez dans l’incapacité de l’exprimer... jouer un morceau « triste » pourra vous permettre de matérialiser cette émotion envahissante. Ainsi, à travers les nuances que vous allez mettre dans votre interprétation, vous serez capable d’extérioriser une part importante de votre réalité intérieure.  

Or, on sait maintenant que cette expression, cette libération contribue grandement à notre équilibre et à notre bien-être.

Le piano est l’instrument idéal pour un travail assez poussé de coordination : Les deux mains ne faisant pas forcément les mêmes gestes, ne jouant pas forcément au même rythme non plus !

Mais cela va bien plus loin puisque le pied peut aussi être sollicité ! On peut en effet jouer en tapant les temps au pied, ou encore en utilisant la pédale d‘amplification.

Si les mains et le pied sont amplement sollicités, l’esprit, les yeux le sont aussi : Être à ce que l’on fait tout en essayant de se projeter une mesure plus loin dans la partition, regarder les notes et les doigtés tout en restant attentif à ses mains sur le clavier ... penser à ses doigts, à la position du poignet, aux notes, aux temps, aux nuances ... mais aussi veiller à ne pas se laisser embarquer dans des pensées parasites qui risquent de venir saboter la concentration : tout un programme !!

L’entraînement quotidien et répété va permettre une harmonisation de tous cet enchevêtrement de paramètres. A l’image de la conduite automobile, les processus deviendront automatiques au fur et à mesure de la pratique.

Différents types de mémoires sont fortement sollicités lorsque l’on pratique le piano : la mémoire visuelle, gestuelle, auditive.

A une époque où nous ne faisons plus trop fonctionner nos capacités de mémorisation (tout étant stocké dans nos ordinateurs, IPad et IPhone), la pratique musicale semble être une excellente solution.

Outre le fait d’apprendre par cœur les notes qui composent les morceaux, on mémorise également les déplacements de ses doigts et de ses mains dans l’espace défini par le clavier. Le geste est donc mémorisé aussi bien que la note !

Par voie de conséquence, c’est donc la mémoire kinesthésique (la mémoire des sensations corporelles) qui est également largement sollicitée.

Avec les années qui passent, stimuler et entraîner sa mémoire le plus souvent possible semble être une stratégie gagnante pour chacun.

La mémoire immédiate est particulièrement sollicitée dans la pratique quotidienne puisque c’est grâce à elle (entre autres choses), que l’on va pouvoir déchiffrer une suite de notes et répéter un geste que l’on vient de faire il y a quelques minutes à peine.

Mais ce n’est pas tout !

Outre la mémorisation, la pratique du piano sollicite aussi la concentration et donc la capacité à focaliser son attention sur ce que l’on fait, à rester dans le moment présent. 

Les sources de concentration sont multiples : la position des mains et des poignets, la sensation au bout des doigts, la partition, le rythme, les notes ... il y a de quoi faire ! A vrai dire, on pourrait presque assimiler la pratique quotidienne à une forme de méditation dans l’ici et maintenant !

Se décourager à la première difficulté et se dire que décidemment, on n’est vraiment pas doué, que l’on n’y arrivera pas, peut-être une sorte de reflexe automatique pour nombre de personnes ... Mais attention ! Du découragement à l’arrêt total de la pratique, il n’y a qu’un pas.

En réalité, la volonté d’y arriver, et la vision à moyen ou long terme de ce à quoi l’on veut parvenir, seront sans nul doute des cartes maîtresses dans votre progression au piano.

Revenir encore et encore sur les passages un peu délicats, sans baisser les bras, dépasser les difficultés une à une et avancer ainsi pas à pas, ne pourra que venir renforcer votre détermination, votre volonté, et, par la même occasion, votre confiance en vous-même et en vos capacités.

La patience est l’une des grandes qualités que la pratique du piano permet d’intégrer et de développer. J’aime assez cette expression qui dit « ce n’est pas en tirant sur la carotte qu’elle poussera plus vite !! ».

Même s’il est vrai que chacun apprend et assimile à un rythme différent, les nouveaux

automatismes ne se créent pas en un jour, ni même en 2 ! Brûler les étapes et se mettre la pression pour aller le plus vite possible n’a ici aucun sens, aucune raison d’être.

Être pressé et vouloir aller plus vite que la musique n’étant d’aucune utilité et pouvant même s’avérer contre-productif, adopter la stratégie gagnante dès le départ est le plus sûr moyen de parvenir à des résultats satisfaisants.

Ainsi, pour les plus speed d’entre vous, pour ceux qui avancent en permanence à 200 à l’heure... le piano et sa pratique pourraient constituer un exercice extrêmement bénéfique et salutaire, ou venir constituer une pause bienvenue pendant laquelle on s’efforce de prendre les choses comme elles viennent, le plus tranquillement et sereinement possible.

Avec l’apprentissage du piano, nous sommes confrontés assez souvent à nos limites : des doigtés qui ne passent pas, des fausses notes répétées, des passages, pourtant faciles, mais qui, curieusement, bloquent systématiquement.  

Se traiter de tous les noms, et se dire que l’on n’est vraiment pas à la hauteur, que, de toutes façons on est tellement mauvais qu’on n’y arrivera pas ... bref, se mettre la pression et se maltraiter intérieurement est plus courant qu’on ne le pense. Il est bien évident qu’un tel comportement ne règle rien, bien au contraire !

Une belle occasion pour commencer à faire preuve de bienveillance envers soi-même, comme nous le ferions avec un ami proche.

Douceur, compréhension, patience, indulgence pourront être largement utilisées et mises en place dans notre pratique quotidienne du piano.

Aller à son rythme est capital : s’il est lent, alors il est lent ! Et cela n’est pas un

problème. Buter sur des notions de solfège, de rythme est tout à fait normal au début.

Restez donc votre plus grand ami, accompagnez-vous de la meilleure façon qui soit dans cette belle expérience musicale.